8 juillet 2024

L’informatique quantique combine l’informatique traditionnelle, les mathématiques et des comportements uniques de la physique quantique afin de soutenir le développement d’ordinateurs permettant de résoudre des problèmes complexes plus rapidement que sur les ordinateurs classiques. Cela confère aux ordinateurs quantiques une puissance de traitement bien supérieure à celle des ordinateurs classiques pour certains types de tâches.

Les applications dans lesquelles les ordinateurs quantiques pourraient fournir un avantage marqué incluent notamment l’intelligence artificielle dans les services financiers, l’amélioration de la modélisation financière, la modélisation de portefeuilles ou encore, l’analyse de risques environnementaux.

La menace quantique

Il existe un consensus sur la probabilité qu’un ordinateur quantique pleinement mature et commercialement viable puisse un jour exister, mais il y a encore de nombreux débats sur le moment précis de son arrivée. Dans son rapport de 2022 sur les risques mondiaux, le Forum économique mondial a classé la cybermenace de l’informatique quantique comme l’un des principaux risques technologiques mondiaux émergents.

Certains craignent que l’informatique quantique soit suffisamment puissante pour briser les clés de chiffrement largement utilisées. Cela pose un risque de sécurité important en raison de la sensibilité et du caractère critique des données financières et personnelles protégées par ces clés. Comme le système financier actuel dépend fortement des protocoles de sécurité cryptographiques traditionnels pour sécuriser les données et les communications, les ordinateurs quantiques pourraient exposer le système financier à de nouvelles formes de cyberattaques. La menace pour la sécurité est immédiate et doit être traitée de toute urgence. À l’heure actuelle, les données confidentielles classiquement cryptées pour la transmission ou le stockage pourront être décryptées ultérieurement, lorsque les ordinateurs quantiques deviendront disponibles. Cela signifie que les données stockées ou transmises aujourd’hui sont, en fait, exposées aux potentielles attaques ultérieures d’un futur ordinateur quantique.

L’encadrement

Le développement des technologies quantiques soulève des questions aux décideurs politiques et aux régulateurs, tout comme pour l’IA, afin de s’assurer de leur utilisation responsable et d’évaluer les implications sociétales et éthiques. Il est essentiel d’aborder les risques de cybersécurité et de confidentialité posés par les technologies quantiques, surtout dans l’éventualité d’un possible décryptage des systèmes actuellement utilisés. Plusieurs régulateurs évaluent présentement les impacts de l’informatique quantique. C’est le cas aux États-Unis, où la U.S. Financial Industry Regulatory Authority explore les impacts dans le domaine des valeurs mobilières Ce lien s'ouvrira dans une nouvelle fenêtre. Le Royaume-Uni a, pour sa part, annoncé qu’il établira un cadre réglementaire qui soutiendra l’innovation et l’utilisation éthique des technologies quantiques Ce lien s'ouvrira dans une nouvelle fenêtre. Au Canada, le Bureau du surintendant des institutions financières suit les vulnérabilités systémiques et institutionnelles découlant des innovations numériques, dont l’informatique quantique Ce lien s'ouvrira dans une nouvelle fenêtre. Au Québec, la ligne directrice sur la gestion des risques technologiques de l’AMF recommande la surveillance des risques qui découlent des innovations liées aux technologies de l’information et des communications; l’informatique quantique fait partie de ces innovations.

Tourné vers l’avenir

La situation actuelle nécessite le développement de nouvelles normes de cryptage capables de protéger les systèmes informatiques des services financiers. Le National Institute of Standards and Technology a notamment instauré un processus pour solliciter, évaluer et normaliser de tels algorithmes de cryptage. Il est aussi primordial pour les institutions financières de mesurer l’urgence de la cybermenace quantique et la complexité de la migration vers une cryptographie résistante aux attaques quantiques.

Afin de mieux comprendre les risques auxquels elles sont exposées, les institutions financières devraient investir dès aujourd’hui dans les outils et l’expertise nécessaire afin de se préparer pour la cybersécurité quantique. Cette préparation devrait notamment viser la durée de conservation des données et le temps de migration des systèmes protégeant les données.